jeudi 3 septembre 2009

(Claude) Robinson ou les limbes du droit d'auteur

La semaine dernière, le dessinateur et auteur Claude Robinson a enfin remporté son combat contre Cinar, après une bataille juridique qui aura duré près de quatorze ans. Dans un jugement de 240 pages, le juge Claude Auclair, de la Cour supérieure du Québec, accorde 5,2 millions de dollars à l'auteur de Robinson Curiosité, dont l'œuvre a été outrageusement pillée par Cinar, propriété de Micheline Charest, aujourd'hui décédée, et de Ronald Weinberg. RTV, Izard France Animation, Davin et Ravensburger, partenaires de Cinar dans ce scandale, sont aussi cités dans le jugement.

Voici comment la SARTEC (Société des auteurs de radio, de télévision et de cinéma) résume l'histoire : « En 1983, Claude Robinson présente son projet de série télévisée pour enfants Robinson Curiosité à des diffuseurs et à des producteurs. Dans les années qui suivent, le scénariste multiplie les démarches pour voir son oeuvre portée à l'écran, mais en vain. En 1995, Claude Robinson est stupéfait en voyant Robinson Sucroë à la télévision. Il est convaincu d'y reconnaître sa série et envoie, cette année-là, une première mise en demeure à Cinar. »

Il nous faut saluer le courage et la ténacité de Claude Robinson qui, en dépit de la force de la machine qui a cherché à le broyer à grand renfort de mensonges, d'appels et autres recours juridiques, n'a jamais courbé l'échine.

Nous sommes nombreux à avoir cru Claude Robinson dès le moment où il a pris la parole publiquement pour crier au vol. De toute évidence, le personnage central de Robinson Sucroë était plagié sur le Robinson Curiosité créé par le dessinateur de Verdun qui s'était lui-même mis en scène (la ressemblance entre l’auteur et son personnage est telle qu'on ne peut se méprendre). Espérons que le résultat réjouissant de ce combat au long court donnera à Claude Robinson un peu de répit et créera un climat propice à la création.

Avec l'avènement des nouveaux médias, les occasions de bafouer la propriété intellectuelle et le droit d'auteur se multiplient. Il y a quelques semaines, je suis tombé par hasard sur une page de Google Books qui reprend une quinzaine de pages de On Order and Things, la traduction anglaise de mon recueil Du chaos et de l'ordre des choses. Qui leur a permis de reproduire ces passages? Mon éditeur? J'en doute. Mais si c'est lui, ami ou pas, il aura des comptes à me rendre. Si ce n'est pas lui, quels sont mes recours? L'armée d'avocats de Google travaille à la négociation d'une entente forfaitaire qui ne nous laissera à nous, les auteurs, que des miettes.

Et s'il vous plaît, ne me servez pas cette formule toute faite qui nous donne de l'urticaire : « Ça vous donne de la visibilité ». La visibilité ne paie pas le loyer.

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