mardi 23 février 2010

La servilité a un prix

Depuis la mort de Pierre Falardeau, l'ineffable Alain Dubuc, à l'instar des autres propagandistes de l'empire Desmarais, sévit sans trop d'opposition dans les pages de La Presse et sur les ondes de la radio de Radio-Canada, à la navrante émission de Christiane Charette. On y entend si souvent les sbires de Power Corp que c'est à se demander si les différents réalisateurs de la radio d'état reçoivent le répertoire des membres de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.

Hier matin, donc, en préambule a une entrevue sur la bulle du crédit immobilier, la très critique Madame Charrette faisait l’apologie de la chronique de Dubuc publié le matin même (La bêtise a un prix), buvant les paroles du petit chroniqueur et partageant son indignation devant la campagne publicitaire L’expertise à un prix, orchestrée par la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).

Dubuc reproche en effet aux médecins spécialistes de proposer au gouvernement Charest de nouvelles sources de financement par l’entremise d’une taxe sur des produits tels que l’eau embouteillée et la malbouffe ou d’une hausse des tarifs d’électricité pour les grandes entreprises énergivores sous prétexte que cet argent servirait à « consentir aux spécialistes les hausses de salaire importantes qu'ils réclament ».

Qualifiant la campagne des médecins spécialistes d’« intellectuellement malhonnête », de « démagogique » et de « simpliste », le grand défenseur de la veuve et de l’orphelin et dactylographe de Paul Desmarais en a rajouté devant une Christiane Charrette indignée en laissant entendre qu’il était inacceptable de taxer la malbouffe, car cela revenait à taxer les plus pauvres. Et les taxes sur les produits du tabac, monsieur l’intellectuel, qui en écope, croyez-vous?

Indigné par les demandes d’équité salariale des médecins spécialistes, Dubuc fait lui-même déraper le débat dans la démagogie qu’il décrie en insinuant que le Québec n’a pas les moyens de donner suite à la hausse de 4 % demandée par le Dr Gaétan Barrette, le président fort en gueule de la FMSQ, « compte du fait que la crise financière est plus marquée au Québec, et que cela impose des contraintes que les spécialistes devraient accepter », sans avoir pris le temps de vérifier que ce que la FMSQ demandait, c’était plutôt une hausse de 4 % de l’enveloppe globale consentie aux médecins spécialistes.

Je suis de ceux qui croient qu’effectivement, l’expertise a un prix. Et qu’il n’est pas déraisonnable de payer convenablement les médecins spécialistes dans les mains desquels nous remettons notre santé et, parfois, notre vie. Nous serions sans doute étonnés du salaire consenti par Radio-Canada à même les deniers publics à son animatrice vedette Christiane Charrette.

La campagne L’expertise a un prix est certes imparfaite, mais elle a au moins le mérite de proposer des pistes de solutions et de soulever un débat qui doit être fait. Étrange, tout de même, que le servile Alain Dubuc reproche aux médecins spécialistes d’utiliser « [d]es messages télévisés payés à fort prix » pour faire passer leur message, lui qui nous inonde d’inepties à longueur d’année dans ses publireportages payés par Power Corp. et qui fait double emploi en touchant un cachet à Radio-Canada pour recycler ses idées.