jeudi 23 octobre 2008

Traduit de l’américain

Entre deux contrats de traduction et deux projets de rénovation, je retourne par bribes à la lecture. En ces temps occupés, je préfère de loin les fragments de textes au très bon mais interminable Millenium, par exemple.

Ces jours-ci, je lis l’essai de René Lapierre intitulé Écrire l’Amérique (Les Herbes Rouges, 1995) que Jean Pierre (Girard) m’a prêté lors d’un voyage court mais mémorable à Paris, il y a quelques années. L’exemplaire, annoté à l’encre rouge par les pattes de mouches du professeur, a de toute évidence trempé dans l’eau d’un bain. Il a vécu, comme on dit.

Dans le fragment « Traduit de l’américain », Lapierre réfléchit à la traduction en prenant prétexte des nouvelles de Raymond Carver. Une amorce de réflexion stimulante, pour le traducteur et le lecteur toujours hérissé que je suis par la version française des romans de Paul Auster dans lesquels on nous sert des termes de base-ball à la sauce parisienne ou par, la très mauvaise traduction de Beautiful Losers, de Leonard Cohen. (Michel Garneau se serait d’ailleurs mis à la traduction des poèmes de son vieil ami parce qu’il avait été ahuri lui aussi par la piètre qualité des Perdants magnifiques!?!.) «Traduire, cela ne suffit pas; il faut encore le retrouver, l’écrire au fond de soi-même », conclut René Lapierre.

Lire dans le texte, donc, serait la solution. Et je m'y adonne désormais presque sans exception. Mais le défi posé par la traduction est pour le traducteur un aussi puissant appel qu’une équation complexe pour le mathématicien. Rien de logique dans sa résolution, cependant. Sinon la certitude qu’on a trouvé la manière de rendre les mots, le sens, le rythme et, surtout, l’intention. Bref qu’on a rendu ce qui venait du fond des choses.

Ces jours-ci, je m’attaque à la traduction d’une pièce de théâtre. Avec l’espoir que cela me ramènera à l’écriture. J’y reviendrai.

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