mercredi 15 octobre 2008

Fulgurance

Lundi, jour de l’Action de grâce, l’acteur français Guillaume Depardieu a rendu l’âme, foudroyé par une pneumonie. Il avait 37 ans. Sa mort m’a attristé. Je me suis rappelé son rôle dans Tous les matins du monde, d’Alain Corneau (1991), mais surtout celui dans Les Apprentis, de Pierre Salvadori (1995) pour lequel il avait été récompensé d’un César (meilleur espoir masculin). Et personne n’oubliera sa performance dans Aime ton père, de Jacob Berger (2002), dans lequel il jouait le fils d’un monstre sacré de la littérature interprété par son propre père, Gérard Depardieu. Un film comme un cri du cœur, où la fiction arrachait à la réalité des moments de vérité comme des lambeaux de peau.

Du jeune premier au visage angélique de Tous les matins du monde au clochard de Versailles, qui sortira bientôt sur nos écrans, Guillaume Depardieu portait sur son visage et son corps les marques des excès d’une vie torturée. Et j’ai pensé à Duras, qui écrivait dans L’Amant ce passage qui m’avait tellement bouleversé : « Maintenant je vois que très jeune, à dix-huit ans, à quinze ans, j’ai eu ce visage prémonitoire de celui que j’ai attrapé ensuite avec l’alcool dans l’âge moyen de ma vie. L’alcool a rempli la fonction que Dieu n’a pas eue, il a eu aussi celle de me tuer, de tuer. Ce visage de l’alcool m’est venu avant l’alcool. L’alcool est venu le confirmer. »

Les grands destins tragiques fascinent.

Je nous souhaite que la fulgurance ne s’abîme pas dans l’oubli.

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