samedi 14 février 2009

L’attrape-cœurs

J’écoute mon « best of » à plein volume. 297 chansons qui constituent ma radio nostalgie bien personnelle. Léa est au cinéma avec ses amies pour célébrer l’anniversaire de Monica et Sylvie est au théâtre pour la dernière de Viola au Théâtre de l’île. La diaspora acadienne de l’Outaouais s’y sera sans doute donné rendez-vous, d’autant qu'Herménégilde Chiasson, le lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick (qui est un ami à nous), sera présent. Je suis resté à la maison, épuisé par le boulot des derniers jours et peu enclin à l’idée de me frotter à la foule, ce soir.

Pour ce carnet, j’emprunte le titre de la traduction française du chef-d’œuvre de J. D. Salinger (The Catcher In The Rye), publié en 1951, alors qu’il n’avait que 32 ans. Salinger — qui en a aujourd’hui 90 —, vit en reclus depuis près d’un demi-siècle. Et il n’a pratiquement rien publié depuis, hormis quelques nouvelles qui avaient d’abord paru dans des journaux. Bref, tout pour en faire en mythe.

Coïncidence, mon dernier livre a paru l’année de mes 32 ans. Rassurez-vous, loin de moins l’idée de me comparer à Salinger. Mais je réfléchis souvent ces temps-ci à mon silence littéraire. Bien sûr, je pourrais vous servir quelque explication bien sentie (et bien vraie, par-dessus le marché!), mais ce n’est pas la peine. Les plus proches savent les difficultés traversées dont on ne ressort jamais tout à fait le même. Je suis un autre qui a bien peu à envier à celui qu’il était, sauf peut-être cette espèce de force de la nature, ce sentiment d’invulnérabilité et cette confiance en soi inébranlable. Ce n’est quand même pas rien.

Le lien avec L’attrape-cœurs, dans tout ça? Mes affinités avec Holden Caulfield, le personnage autour duquel Salinger a construit son roman. Mais un lien, au fond, qui tient moins bien la route à la relecture. Il y a des livres, comme ça, qu’il vaut peut-être mieux préserver dans son souvenir.

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