mercredi 8 octobre 2008

Les conservateurs perdent des plumes

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les choix politiques des habitants de la ville de Québec et de ses environs ont de quoi laisser perplexe les gens de bonne volonté. Après avoir élu des députés adéquistes et des conservateurs aux dernières élections provinciales et fédérales, voilà que certains sièges pourraient être repris par le Bloc (sauf peut-être la circonscription de Josée Verner, la consternante ministre du Patrimoine...) La perte de popularité des conservateurs dans les intentions de vote a certainement à voir avec leur arrogance et le mépris qu'ils affichent en refusant de répondre aux journalistes ou de participer aux débats organisés dans les différentes circonscriptions. À moins que ce ne soit en raison des gaffes qu'ils ne cessent de multiplier. Mais cela témoigne aussi de leur outrecuidance (le ministre non élu Michael Fortier qui loue un camion publicitaire pour relancer Gilles Duceppe devant son bureau, Stephen Harper qui dit, en parlant de la crise financière, que c'est le temps d'investir car il y a sûrement de bonnes aubaines sur le marché, pour ne citer que celles-là.)

Chez nous, dans Hull-Aylmer, le candidat du PC, un avocat du nom de Paul Fréchette, a raccroché la ligne au nez de deux journalistes après leur avoir répété son petit laïus appris par coeur (le petit catéchisme de Harper) non sans avoir affirmé — pendant que la crise de la listériose attribuable à Maple Leaf causait plus d'une douzaine de morts — qu'Al-Quaïda pourrait très bien se lancer dans le terrorisme alimentaire...

Rencontré à la porte de l'épicerie (y était-il pour nous protéger des méchants terroristes?), il distribuait ses dépliants en répétant inlassablement « On va gagner ensemble ». Lorsque j'ai poliment décliné la carte postale à son effigie qu'il me tendait et que je lui ai demandé si le fait de refuser de participer à des débats était une consigne de son chef, il m'a répondu « Quel chef ?» avant de me tourner le dos. Cela n'a fait que me confirmer que ce libéral fraîchement défroqué espérait, comme tant d'autres candidats, profiter de la vague conservatrice annoncée. J'ai eu le même sentiment aux dernières élections provinciales. De trop nombreuses personnes ont profité du mécontentement ambiant pour se faire élire en ayant si peu à offrir que c'en est désolant.

Après deux projets de loi hallucinés (l'imbuvable c-10 qui pavait la voie à la censure des oeuvres cinématographiques jugées « contraires à l'ordre public » et c-484 sur les enfants non encore nés victimes d'actes criminels qui aurait pu rouvrir le débat sur la légalité de l'avortement) à quand un projet de loi interdisant les charcuteries qui auraient pu être manipulées par des terroristes? En tout cas, j'imagine qu'on pourra continuer de manger du porc sans craindre les talibans.

Bref, on verra dans quelques jours si je me réconcilie avec les gens de la vieille capitale ou si, comme l'écrivait Helene Jutras en 1995 dans son brûlot, « le Québec me tue ». En attendant, je me prépare un bon sandwich au salami slovaque, directement de chez Alpina.

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