Un poème hommage publié en septembre 2004 dans les Cahiers du CNA, à l'invitation de Paul Lefebvre, l'adjoint du directeur artistique de l'époque. Paul m'avait aussi commandé un texte sur Victor Hugo, paru en 2002. Je le mettrai en ligne si je le retrouve.
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L'immesurable
« Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux.
— Et je l’ai trouvée amère.
— Et je l’ai injuriée. »
Une saison en enfer
Il n’y a rien à chercher dans la vie des poètes
Ni révélations ni illuminations
Ni tempêtes ni raz-de-marée
Tout cela qui ne procède que du texte
Tu le savais sans doute
Toi dont la fulgurance n’était
Qu’une manière de génie
Celle d’un homme qui vit se consume
Et meurt à son heure
Je n’éprouve pas de regrets
Pour cette existence
d’après la poésie
Touché par la grâce du silence
Tes faits d’encre étaient déjà
Par devant ta mort
Un legs à l’humanité
Te relisant aujourd’hui
Je suis d’abord saisi
par la liberté du vers
et le panache des titres
J’arrache une à une
Les pages de la préface
Les notes de fin de volume
Je m’emploie à rayer
Ce qui dénature l’œuvre
Sur une couverture
La photo d’un enfant
Sorte de trinité romantique
Pour capturer l’esprit
Mettre un visage sur un nom
S’adonner à la futilité
Je ne saurai jamais
Cette urgence
Cette brûlure au cœur
Je me l’imagine
Et c’est assez
La douleur se résorbe
La gorge s’assèche
Une douce bruine
Fait renaître les fleurs
Tu te tiens sous la pluie
Ton travail achevé
Tu regardes vers le ciel
Il fait beau quelque part
Tu refermes la porte
Boucles tes bagages
Une autre vie t’attend
Une autre vie qui ne nous appartient pas
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